Breaking Bad - Vince Gilligan_01
-
(*) À préciser. Faire des recherches sur l'écriture de la série : qu’est-ce qui était décidé dès le début et qu’est-ce qui a été inventé au fur et à mesure de sa création ?
(**) À préciser.
Écrire sur :
Style visuel de la série et son évolution.
Comment la série utilise les territoires où se déroule l’histoire.
Utilisation du temps dans la série (scènes, épisodes, saisons). Comparaison avec le cinéma.
Structure de la série. Différences avec les autres séries.
L’art du dosage dans la dernière saison de Breaking Bad.
Faire danser Vince Gilligan avec :
Charles Dickens, William Shakespeare
J’ai eu la chance de pouvoir voyager jeune. Notamment aux États-Unis, mon père y allait parfois pour le travail, des congrès médicaux, l’été. On est souvent venu avec lui. C’est comme ça qu’une fois j’ai visité Albuquerque, où Breaking Bad a été filmé. Même deux fois apparemment : « Il y en a eut 2 je pense , 2007 avec Maman (jai un album) et 2008 tout les deux avec passage a chicago ». Mon père avait un collègue français là-bas.
La première saison de Breaking Bad est sortie en 2008. Je peux donc dire : J’Y ÉTAIS AVANT. La série a débarqué dans ma vie en 2009 ou 2010 je crois. Aujourd’hui ça doit être la quatrième fois que je la regarde. Cette fois avec Sarah. On change en quinze ans. On grandit et regarde différemment. C’est après Tripoli (fin 2022) et l’année suivante, que j’ai remarqué voir très différemment certaines de mes œuvres favorites.
.
Breaking Bad est presque parfaite, c’est extraordinaire. Les deux seuls véritables défauts que je vois c’est que la première saison est trop courte (7 épisodes) et la dernière trop longue (16 épisodes). Les premiers épisodes en mériteraient un ou deux supplémentaires pour donner plus de nuances à la transformation, un peu trop rapide je crois, de Walter. Le reste de la série est tellement subtil que le contraste avec ce démarrage m’a sauté aux yeux. Quant à la dernière saison, il y a des intrigues qui semblent avoir été rajoutées seulement pour faire durer le plaisir (et l’argent).
Le démarrage de nouvelles intrigues et de nouveaux personnages avec chaque nouvelle saison est caractéristique de la série TV. Dans Breaking Bad, l’intelligence narrative qui les accompagne est rare. On regarde une œuvre cohérente, bien dosée, conçue comme un tout (*). Contrairement à beaucoup de séries où chaque nouvelle saison semble être sous perfusion pour faire survivre la fraîcheur et le succès du début, en attendant l’effondrement inévitable et lamentable.
Cette dernière saison de Breaking Bad, elle, n’est évidemment pas en trop. Le seul truc qui me gêne c’est les nouvelles intrigues avec Mike, Lydia, le lab ambulant et le vol de méthylamine. À partir de l’épisode deux et plus particulièrement le trois et cinq. Pour la première fois dans ce chef-d'œuvre, ça ressemble aux épisodes d’une série-sous-perfusion. C’est dommage, je n’ai aucun doute sur les capacités que les scénaristes auraient eu à les faire passer à la trappe, tout en gardant les intrigues véritablement essentielles comme la sortie de Mike et les meurtres en prison. Goût amer dans les yeux, j’ai le sentiment que le labyrinthe était déjà tracé, et que les épisodes en question ont été rajoutés par-dessus, pour la seule raison de faire plus long. Le personnage de Lydia n’est pas très fin et n'avait probablement pas besoin de prendre tant de place. Mais plus encore, c’est la décision de Mike de finalement suivre Walt et Jesse, et ce qui l’amène à cette décision, qui ne tient pas (épisode deux). Je ne sais pas pourquoi exactement, mais ça ne colle pas au personnage (**).
Je suis conforté dans cette idée car, à partir du moment où ces épisodes passent, toute la série redevient géniale jusqu’à la fin. Une conclusion magistrale, parfaitement dosée, digne des plus grands maîtres de la narration.
10.01.24 . Izmir
J’ai été pris par surprise ce soir, alors qu’on finissait la série. Je ne m’attendais pas à ce que la fin de cette histoire me fasse passer par autant d’émotions différentes. Ces trois derniers épisodes pourtant, je les connaissais, c’était la quatrième fois quand même… Mais comment l’expliquer ? La force, la puissance, l’impact est indescriptible. Et ça ne reste pas « un truc dans la tête », non, tout le corps est pris dedans, aucun doute. L’épisode quatorze me l’a bien fait sentir. Qu’est-ce que c’était ? Indescriptible.
Je le savais déjà mais je suis toujours impressionné par le pouvoir des bonnes histoires. L’impact qu’elles ont sur nous. Je rêverais d’être un excellent écrivain pour en raconter aux autres. Je rêverais de raconter comme Stanley et Gilligan en sont capables. Malheureusement, la photographie n’est pas idéale pour les histoires, mais je trouverais des moyens.
Il est difficile pour moi de sortir d’une bonne histoire. Sarah découvre l’effet que ça me fait. J’aurais du mal à me décrire. De l’extérieur je dois avoir l’air d’être absent, un peu zombie. Je ne parle pas et je n’en ai pas envie parce que j’ai toujours les images dans mes yeux. Sarah me dit souriante : « J’ai l’impression que c’est un autre toi ». Elle m’a vu comme ça pour la première fois il y a un mois. Je finissais une autre longue histoire, un roman, Mort à crédit de Louis-Ferdinand Céline. Lui, c’est bien plus que quatre fois que je l’ai lu… Mais pareil, j’étais en mode « absent ». Pas du tout « dans la lune » au contraire, je suis rarement autant à terre que dans ces moments-là. C’est juste que l’histoire est encore là, dans mes yeux. Et en même temps, elle n’est plus là puisque c’est fini. Demain, je ne retrouverai pas tous ces êtres d’images, de mots et de sons. Bizarre comme sensation. C’est jamais facile de quitter des êtres avec qui on a vécu intensément, quotidiennement. C’est ce qui m’arrive avec certaines œuvres.
11.01.24 . Izmir