Lolita - Stanley Kubrick_02

« That was Stanley Kubrick ? » Réaction de Sarah à la fin du film. « Combien de temps ? » « 2h30. » « Pour ça ? » Je la comprends.

J’ai toujours trouvé Lolita (1962) médiocre et je suis persuadé que peu de monde s’y intéresserait aujourd’hui s'il n’avait pas été fait par Stanley Kubrick. Il faut avoir des critères bien bas pour l’avoir « parmi ses favoris ». J’ai quand même décidé de le montrer à Sarah car voir des films moyens aide à mieux comprendre les bons. Je ne le regrette pas, j’y ai vu de nouvelles choses.


Notes sur Lolita pour des futures notes sur Eyes Wide Shut :

C’est un film intéressant à voir pour comprendre Eyes Wide Shut. Pour s'apercevoir de tout ce qui était à des années-lumière de ses capacités de metteur en scène et qu’il apprendra par la suite.

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À ce moment-là, c’est trop ambitieux pour lui. Une histoire comme ça demande beaucoup de subtilités. Il n’y a pas d’action, pas d’occasions de faire de beaux plans composés ou mouvementés, pas de scène à suspens, peu de changements de rythmes. Bref, il n'y a pas tout ce que Stanley a pu faire avec Paths of Glory. Lolita est le genre d’histoire qui demande à simplifier la mise en scène, accompagnée d’un immense travail des acteurs et actrices. Il faut savoir gérer les rythmes lents, sans parler du rôle essentiel que la musique peut apporter aux ambiances, aux émotions. Pour le coup, on ne peut pas lui reprocher de ne pas sortir de sa zone de confort.

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Les personnages, il y a du progrès par rapport à Paths of Glory. Je ne peux pas dire qu’ils manquent de textures. Il y a des super performances. Mais le jeu est encore trop théâtral. Rien, pas une scène jouée cinématographiquement. Même chose pour la structure des scènes. Il ne les rend pas cinématographiques. Ni par le cadre, ni le mouvement, ni le montage, ni les dialogues, ni le jeu, ni rien.

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Une bonne performance ça s’enrobe.

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Visuellement, il a fait le bon choix de la simplicité pour une histoire de ce genre. Le problème c’est que la simplicité ça ne se gagne pas facilement. Ça se travaille. Quand Picasso peint, Le jeune peintre, en 1972 alors qu’il a 91 ans, il y a derrière cette simplicité extraordinaire les milliers de tableaux (la plupart très complexes) peints durant toute sa vie. 

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Ce film ne danse pas.

18.01.24 Izmir

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